Introduction
Le Pont de la Tournelle fin 1909
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Le même pont pendant la crue de janvier 1910 |
En ce début d'année 1910, un événement important a fortement perturbé la vie parisienne :
une crue exceptionnelle de la Seine. Exceptionnelle ne veut pas dire improbable ! |
Comportement millénaire
On dit quelquefois que l'Homme a la mémoire courte. Le comportement des Parisiens (étonnement, incrédulité) face à la crue de 1910 en est une illustration, et le serait certainement encore un siècle plus tard. |
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En effet, même si la Seine a quelque peu modifié son cours à travers les millénaires, l'Ile de France a toujours eu à subir ses crues. Elles se produisent en général entre novembre et mars, avec une plus grande probabilité en janvier. On peut classer les crues de la Seine en quatre catégories :
- Les crues ordinaires : elles ne se produisent pas systématiquement tous les ans mais restent malgrés tout "habituelles". En général, leur niveau est peu élevée. Pour les Parisiens, cela se traduit quelquefois par la fermeture des voies sur berge (3,30 m) ou l'arrêt de la navigation (4,30m).
- Les crues moyennes : elles sont moins fréquentes mais ce sont celles que l'on garde en mémoire, pour les avoir vécu. Leur niveau s'étale entre 5 et 6 m. Les dernières ont eu lieu en mars 2001, décembre 1999, février 1988, avril 1983, décembre 1982 ...
- Les crues majeures : on parle aussi de crues "décennales". Leur niveau dépasse les 6 m. Les dernières en date ont eu lieu en janvier 1982, janvier 1959, février 1945, décembre 1944. On remarquera que des crues majeures peuvent se suivre d'une année sur l'autre, ou que moyenne et majeure ne s'excluent pas l'une l'autre la même année (1982).
- Les crues exceptionnelles : cette catégorie englobe les crues dites "cinquantennales" et "centennales". Leur niveau dépasse les 7 m pour les unes et 8 m pour les autres.
Bien qu’elles aient causé des dommages importants, les crues "cinquantennales" de 1924 ( 7,32 m) et 1955 ( 7,12 m) n’ont pas tellement marqué les esprits.
Par contre la crue "centennale" de 1910 ( 8,62 m) a été très médiatisée et est devenue une référence. Ce n’est pourtant pas la crue la plus importante connue dans les temps historiques. En février 1658, la hauteur atteignait 8,96 m, soit un peu plus de 30 cm que celle de 1910. Et pourtant, en 1658 la Seine disposait d’une part de vastes espaces pour se répandre et d’autre part de moins de ponts faisant barrage. Cela signifie que si une crue de volume identique à celle de 1658 se reproduisait, le niveau serait encore plus élevé de nos jours !
En décembre 1740, une autre crue dépassant légèrement la cote des 8 m s’est produite.
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Le niveau des crues de la Seine est mesuré sur une échelle située au pont d'Austerlitz.
Le Zouave du pont de l'Alma n'est pas l'échelle officielle. |
Le plan Belgrand
La ville de Paris a subi de grandes transformations urbaines pendant la période Haussmannienne. Si les effets sont bien connus en surface, les travaux sous-terrains le sont moins. Pour résoudre les grands problèmes d'adduction d'eau et des égouts, Haussmann s'est entouré d'un brillant igénieur : Eugène Belgrand.
Après son étude des crues en région parisienne, Belgrand a défini un système de défense pour protéger Paris des crues :
- une double muraille canalisant le fleuve dans toute la traversée de la ville
- aucun système d’égout ou autre canalisation ne communiquant avec la Seine
Des travaux furent donc entrepris pour surélever les quais et les parapets. Le réseau d’égouts fut dirigé sur Asnières. Ces travaux de l’époque Haussmannienne sont assez méconnus mais n’en sont pas moins importants.
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Malheureusement, il y a eu des manquements au plan Belgrand, ces entorses sont responsables de l’inondation par débordement, mais aussi et surtout par infiltration : |
Inondation du Quai de Billy ; arrivée à la hauteur du parapet, la Seine déborde et inonde le quai
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Les quais et les parapets n’atteignent pas toujours la hauteur préconisée (parfois pour des raisons esthétiques) : en 1910 la Seine a débordé.
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Même si la population a eu peu de temps pour se mobiliser, l’établissement de barrages de secours a en grande partie maîtrisé le débordement. |
Le quai Saint-Bernard en 1905, avec la voie ferrée non protégée. |
La voie ferrée Austerlitz-Orsay (aujourd’hui ligne C du RER) fut une grave entorse au plan Belgrand car le niveau se trouvait alors 1,50 m en contre-bas de la ligne de défense : l’eau s’est engouffrée dans le tunnel et a rapidement provoqué l’inondation de quartiers normalement épargnés (faubourg Saint Germain).
La même erreur se retrouve plus loin, sur la ligne des Invalides (ligne C du RER) |
Gare Saint Lazare, Cour de Rome |
L’eau s’est également engouffrée dans un tunnel du métro en construction pour déboucher dans le quartier de la Gare Saint-Lazarre pourtant éloigné du lit du fleuve. |
Situation de crise
Une grande partie de la ville fut paralysée.
La vie de milliers de parisiens fut bouleversée pendant (et après) la crue.
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Sources d’énergie :
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Les soldats du Génie posent des lignes télégraphiques aériennes dans Paris.
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Plus d’électricité
Plus de gaz (à cette époque, le gaz servait pour l'éclairage)
Plus de téléphone
Plus d’eau potable
Plus de chauffage
Plus d’air comprimé (cette énergie alimentait en particulier les horloges publiques)
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Scènes caractéristiques
Les dégats
Conclusion
1658, 1740, 1802, 1910, à quand la prochaine ? |
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