La crue de Janvier 1910 au travers de la presse écrite
L'hebdomadaire L'Illustration (résumé)



Il semble relativement aisé de se procurer les recueils annuels complets de ce journal (chaque année est composée de 2 tomes). Ce journal aborde la crue de manière légèrement différente des autres journaux hebdomadaires, dans le sens où la priorité est donnée aux images majoritairement photographiques. D'autre part, le journal semble aller plus loin dans la quête aux informations. On y trouve donc ici des scènes uniques ou même des éléments techniques fondamentaux. L'événement est traité sur toute la durée (soit environ 2 mois).


L'Illustration
  • Le premier numéro de l'Illustration à traiter de la crue est celui du 29 janvier. Sur les 23 pages, 9 sont consacrées à la crue. Le journal mentionne que cet événement a remplacé d'autres actualités d'un intérêt moins immédiat.
    Une page présente les plans des inondations de 1740 et de 1802. Même si on constate une urbanisation accrue entre les deux plans, il est frappant de constater que les zones inondées d'alors sont très semblables à celles de 1910. L'auteur rappelle que dans ces temps reculés, faute d'en être pourvue, la population n'avait pas connu le métro noyé, les lignes de chemin de fer coupées, le manque d'électricité et de gaz. Que dirions-nous au 21ème siècle ?
    Dans les huit autres pages traitant de la crue, le texte est rare. Ce sont essentiellement des clichés (35 en tout) qui se chargent de raconter. Le journal s'inquiète des infiltrations qui gagnent les sous-sols et menacent peut-être les installations du journal, rue Saint Georges dans le 9ème arrondissement. La crainte concerne également l'approvisionnement de papier car déjà des wagons de papier destinés à l'impression de Chantecler (la grande actualité théâtrale du moment) ont été immobilisés sur les voies ferrées.

  • Le dessin de couverture du numéro du 5 février montre la Croix Rouge dans un refuge, s'occupant d'enfants victimes des inondations. La rubrique " courrier " est consacrée à 2 pages de témoignage d'un journaliste. Il nous décrit son parcours et les scènes entrevues depuis le pont de l'Alma jusqu'au siège du journal : pompe à vapeur manoeuvrée bruyamment, marchande de biscuits faisant des affaires, amateurs de photos aux aguets, chiens perdus à la recherche de leurs maîtres. En banlieue, on aurait vu, sur le courant, un chien hurlant et flottant sur sa niche à laquelle il était enchaîné.
    Puis deux pages retracent la " leçon du désastre ", agrémentée de 2 cartes. Les travaux de Belgrand consistant à emprisonner la Seine entre une double muraille et à créer un système d'égouts ne communiquant pas avec la Seine sont rappelés. L'article décrit ensuite les manquements au Plan Belgrand. Ceux-ci sont à l'origine de l'ampleur de la crue : parapets pas assez élevés en certains endroits mais surtout la ligne ferrée (aujourd'hui ligne C du RER) qui a été la porte ouverte à l'avancée des eaux.
    12 autres pages montrent à nouveau des photos de l'inondation, comme le quartier de la gare Saint Lazare, qui à la surprise générale, s'est retrouvé inondé par l'eau ressortant du tunnel du métro en construction dans lequel elle s'était engouffrée. Des détails techniques sur le niveau de la Seine, son débit, sur la nappe souterraine sont fournis.
    Enfin, une page de photos et de textes dévoile les dégâts de l'inondation dans les locaux du journal, et les ouvriers de la rédaction désoeuvrés devant les machines noyées.
    Sur les 20 pages du numéro, 18 sont donc consacrées à la crue.

  • Le numéro suivant du 12 février est spécialement consacré à la pièce Chanteclerc. Sur les 50 pages, 5 seulement traitent de la crue. On y voit l'organisation après le désastre, les pauvres gens ruinés, surtout dans les banlieues, essayant de récupérer le peu de bien qui peut l'être. Un article scientifique d'une grande page explique les raisons de la crue en fonction de la pluviométrie sur les bassins " arrosant " la Seine, et des couches géologiques.

  • Le numéro du 19 février fournit simplement le plan de l'inondation de 1910.

  • Le numéro du 26 février publie la photo de 100 enfants de familles sinistrées, accueillis à Dinard jusqu'au retrait complet des eaux (qu'on attend encore). On y lit également un article sur la fièvre typhoïde (dont on avait craint une épidémie suite à la crue).

  • Le 12 mars, la crue est simplement évoquée. La Seine est enfin rentrée dans son lit.

  • Le 19 mars, on peut lire un étonnant article d'une page sur le cycle solaire mis en corrélation avec la période humide qui a abouti à la crue.

  • Le 26 mars la Seine est enfin assagie. Le trafic fluvial a repris son cours.
    Dans les numéros suivants, il n'est plus fait mention de la crue.

  • Il faut attendre le 19 novembre, quand une nouvelle crue, faisant suite à quelques semaines de sécheresse, a provoqué les plus grandes angoisses.

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& AUTEURS : Chantal Date de mise à jour : 20 mai 2004 RETOUR ACCUEIL  Retour sommaire